« Aujourd’hui vous est né un Sauveur ! » c’est le message de l’ange aux bergers, ce soir! La cause de notre joie n’est pas à chercher dans la poussière d’une histoire bimillénaire ! Nous ne célébrons pas , ce soir, un anniversaire.
C’est AUJOURD’HUI qu’est né le Sauveur! Le mystère de la liturgie ne consiste pas à célébrer les anniversaires. Aujourd’hui, nous ne sommes pas réunis pour une commémoration devant un monument aux morts. Aujourd’hui, nous sommes tous autour d’un berceau, ébloui par la splendeur innocente de la vie.
Mais, me direz-vous, il y a deux mille ans, la ville de Bethléem ne se préoccupait guère de la naissance d’un enfant pauvre. Seuls quelques bergers avaient reçu le message.
Comme il y a deux mille ans, nos contemporains ne s’inquiètent pas du sens de la fête d’aujourd’hui. Ils la résument à une fête des enfants ou une fête de l’hiver. Mais nous voici, bergers d’aujourd’hui, nous voici penchés avec émerveillement sur ce petit être fragile qui est notre Dieu lui-même… Il est si petit, si frêle, si éloigné des dieux puissants et terrifiants de l’Antiquité !
Aujourd’hui, Dieu se fait presque rien pour nous rejoindre. On n’avait jamais vu ça ! Les dieux naissent d’ordinaire de façon spectaculaire. Ici, rien qu’un petit couple pauvre, sans abri et un enfant couché dans une mangeoire… Ce soir, arrêtons-nous devant la crèche, juste pour nous émerveiller.
Oui, Dieu ne nous a pas abandonnés. Il vient à nous, tout petit, dans le silence de cette nuit.
Bien sûr, aux yeux du monde, pour exister il faut faire du bruit, montrer sa puissance. Dieu, lui, préfère se faire tendre et fragile comme un nouveau-né , discrètement… au fond d’une grotte au milieu des pauvres et des animaux.
Mais, que vient-il faire ? Que vient-il nous apporter ? Il ne parle même pas encore… Nous qui connaissons l’Évangile, nous l’entendons nous dire : « Je suis venu pour que vous ayez la vie et la vie en abondance. » N’est-ce pas là le plus beau message qu’apportent tous les nouveaux-nés à ceux qui l’entourent? En lui, il porte le trésor de la vie. Et ça, c’est fascinant ! Notre pays, pourtant, ne semble avoir qu’une urgence : placer l’avortement dans sa constitution et légiférer sur l’euthanasie… Mais nous, ce soir, nous contemplons la splendeur de la vie et nous sommes dans la joie et l’adoration. Ce petit enfant va nous donner la vie en abondance. Une vie avec Dieu, une vie débordante, tout habitée de bonté, de justice et de paix.
C’est pour cela que ce soir, nos regards se centrent sur l’irruption du Sauveur dans le cours de l’histoire des hommes Aujourd’hui, c’est un Sauveur qui est né. L’histoire n’est plus simplement une succession d’événements. Désormais, l’histoire a un but. Le monde va vers la Vie, vers l’éternité de la Vie, une Vie que rien, pas même la mort, ne pourra plus détruire. Aimons la Vie, admirons la Vie, elle est le plus grand trésor et le plus grand mystère de notre propre existence. La Vie, ce soir, prend un visage. Accueillons le Sauveur qui s’offre à nous. Et la Vie qu’il nous offre, c’est bien le plus beau des cadeaux de Noël !
Père Michel Desplanches
Recteur