Homélie de la messe de l'Assomption de la Vierge Marie

mardi 15 août 2023

Par Le Père Michel Desplanches

En 1672, on peut lire dans les manuscrits du Laus que « Benoîte voit toujours la Vierge Marie de la même façon : de ses habits et  de son visage sortent tant de lumières  qu’elle n’a jamais pu bien remarquer les traits. ».  N’est-ce pas là le portrait de Marie que nous venons de  lire dans l’Apocalypse ? « Une femme revêtue  de lumière», ayant le soleil pour manteau. La voilà donc la Vierge sainte, la Vierge immaculée drapée de soleil. C’est bien elle qui, ici, a ébloui Benoite durant toute sa vie. Dans les litanies de la sainte Vierge, on appelle Marie « Arche d’alliance ». En effet, elle porte Dieu comme l’arche construite par Moïse contenait les tables de la Loi. Mais, elle, elle ne se cache pas au fond d’un temple derrière un grand rideau comme autrefois à Jérusalem. Non, Marie, Arche de l’Alliance Nouvelle, est donnée à tous comme celle qui porte Dieu. Voilà pourquoi Elisabeth a bien raison de s’écrier : « Heureuse celle qui a cru ! ».  C’est tout le bonheur du ciel qui illumine l’âme et le corps de la Vierge Marie en ce jour. Rien en elle ne fait obstacle à la joie rayonnante du ciel. Elle est toute transparence à la grâce de Dieu. Elle est belle de la splendeur même  de Dieu parce qu’elle a cru.

Dans le texte de la Visitation, que nous venons de lire, la Vierge Marie  nous révèle que sa mission consiste à ouvrir les yeux et le cœur d’Elisabeth aux merveilles que le Seigneur accomplit dans sa vie.

 Ici, Marie accomplit la même mission avec Benoîte. Ici, Marie veut accomplir cette mission pour chacune et chacun. Porter l’Évangile aux autres ce n’est pas arriver devant eux, forts de notre savoir. C’est leur révéler les merveilles qu’ils portent en eux et qu’ils ignorent,  bien souvent . Car la lumière qui traverse Marie est faite pour éclairer les autres sur le trésor que Dieu a déposé en eux. C’est cela la joie missionnaire. Ce n’est pas d’avoir bien organisé son catéchisme (même si c’est nécessaire !). C’est d’avoir révéler à chacun le trésor caché qu’il porte en lui. Chaque homme, chaque femme est une histoire sainte à découvrir. Alors la joie est toujours au rendez-vous. Elisabeth laisse jaillir la joie qui l’habite. Marie chante le Magnificat. L’Esprit-Saint est libéré. Sa lumière et sa joie transportent les deux femmes.

C’est la même  joie du ciel qui, ici, au Laus,  se révèle dans sa douceur et son intériorité. Bien sûr, il y a des combats au Laus.  Le dragon de l’Apocalypse n’est jamais loin et un glaive transpercera l’âme de la Vierge Marie comme l’âme de Benoîte. Mais, en ce jour très saint de l’Assomption, la joie du ciel triomphe.  Par son « oui » au projet de Dieu sur elle, Marie a accepté  de conjuguer son propre bonheur avec celui de toute l’humanité. Marie entre dans le grand projet de Dieu sur le monde. Mais pour autant,  Marie n’est pas centrée sur elle-même, sur ses intérêts. Elle est toute tournée vers les autres, vers nous. En ce jour, ici, sur la montagne du Laus,  elle veut nous partager sa joie.

Elle nous révèle ici que répondre à l’appel de Dieu, c’est contribuer au bonheur de tous. Car le destin de Marie et bien celui auquel chacune et chacun est appelé. Sauvés par le Christ, aimés  jusqu’au plus profond de nos âmes, à notre tour. nous sommes appelés à rayonner de la splendeur de la gloire de Dieu. Comment taire notre joie? Comment ne pas contribuer de toutes nos forces et  de toute notre prière au projet de notre Dieu?

 

L’Assomption est la fête de notre pays de France. Et ce pays a besoin qu’on lui révèle les trésors que Dieu a déposés en lui depuis tant de siècles et aujourd’hui encore. Alors, nous aussi,  conjuguons notre bonheur à celui de tous. Ce n’est pas un renoncement, c’est une vocation merveilleuse. Chers amis, nous sommes faits pour la joie du ciel.  Nous sommes faits pour la gloire ! Tel est le désir de notre Dieu telle est notre espérance pour nous-mêmes, pour la France et pour tous nos frères les hommes.

 

Père Michel Desplanches

Recteur